Je pense avoir lu tous les livres d'Edmée de Xhavée. Je me souviens avoir été charmé par son écriture dès ma première lecture. Edmée a une écriture particulière qui se déguste lentement.
"Lovely Brunette" est son dernier roman. Si on observe la couverture, on lit la mention "roman d'amour". Alors non, Edmée n'est par Barbarbara Cartland et nous ne sommes pas dans un feel good. L'amour qui transparait ici, tout au long du récit, est celui qu'éprouvait (et qu'éprouve encore) Edmée pour sa maman, un amour réciproque qui s'est traduit par des moments délicieux ensemble, des fous rires et de la complicité.
"Lovely Brunette", quel drôle de titre, me direz-vous ! C'est le gentil surnom qui seyait comme un gant à la maman d'Edmée partie trop tôt, comme toutes les mères. Il faut dire que, dans la famille, et pour s'amuser, on avait l'habitude d'affubler les gens de gentils (ou pas) surnoms !
Ce roman d'amour est donc un hommage à la maman d'Edmée, mais aussi une page d'histoire. Il y a longtemps que j'ai remarqué, en lisant les articles sur le blog d'Edmée, qu'elle a une mémoire phénoménale (surtout en ce qui concerne l'histoire de sa famille) et qu'avec sa façon d'écrire, une anecdote sans grand intérêt devient vite une histoire cocasse.
Lovely Brunette a quitté ce monde il y a pas mal d'années déjà, mais elle est toujours présente, aujourd'hui, dans la vie d'Edmée et elle méritait bien de devenir l'héroïne d'un roman.
Je signale ici l'humour utilisé par Edmée dans ce roman (auto)biographique, un humour que je n'avais pas remarqué dans ses précédents romans.
Allez, n'hésitez pas, faites connaissance avec cette femme hors du commun qui a marqué à jamais la vie d'Edmée.
Je vous livre mon passage préféré dans le roman : "On savait bien peu que l'on vivait des étincelles de bonheur. Qui, heureusement, reviennent animer le feu heureux de mes souvenirs..."
Et puis, regardez la photo sur la couverture, n'était-elle pas charmante, Lovely Brunette?
HX13-2. Si vous n’avez pas lu le volume précédent, pas de panique ! DECLASSIFIED ouvre sur un résumé du premier tome, propre à vous plonger dans le bain rapidement et vous inciter à découvrir la suite.
Ce nouvel opus démarre sur le retour d’Axelle de Montfermy ( anciennement flic à la tête du CERI) et Genara, un alien à la physionomie humaine, dans la galaxie dominée par le Grand Bloc. Alors qu’ils sont prisonniers d’un vaisseau de trafiquants d’esclaves, le HX implanté dans le cerveau d’Axelle prouve rapidement toute son efficacité en leur permettant de retrouver la planète Sarx, ainsi que Nicolas, le fils de notre héroïne. Mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu et Axelle s’enfuit à nouveau sur terre, en soustrayant un puissant vaisseau aux mains avides d’ambitieux va-t-en-guerre.
Quelques années passent, qu’Axelle met à profit pour mettre sur pied une toute nouvelle structure, technologiquement ultra performante, tournée ver la paix et la protection de la planète : la FIRMe. Mais bientôt, de dramatiques évènements entraînent un irrémédiable changement chez cette femme pourtant déjà hors normes.
La suite est un savoureux thriller SF où Christine Brunet nous entraîne, avec ce style rapide et nerveux qui est le sien, dans une dangereuse enquête où meurtres et disparitions s’entremêlent, où on nous parle BodMod, transhumanisme et body hackers, où humains et aliens se croisent pour le meilleur, mais aussi pour le pire quand surgissent les effroyables Kiriacs et les indigestes Dim Sum (si, si), où la plume de l’auteure tisse un récit complexe et captivant dont les émotions humaines et leurs conséquences sont loin d’être absentes.
C’est brutal, effrayant, sanglant, mais également intelligent et très imaginatif.
Charleroi, quai Arthur Rimbaud. Entre le centre culturel Quai 10 et la Sambre, trente-trois quidams inscrits à un premier atelier insolite attendent avec impatience les directives de Charlie, l’animateur employé par la Ville pour cette occasion. Un succès cet évènement, se dit celui-ci en jetant un regard circulaire vers les eaux sales de la Sambre, un putain de succès. Un troupeau par semaine et ce sera du tout cuit pour moi, yeees. Un contrat à durée indéterminée, yeees.
Le poète maudit qui a laissé quelques traces ici même à Charleroi ne s'est pas suicidé et c’est bien dommage vu notre situation, lâche d’entrée de jeu, Jérôme (vingt-cinq, informaticien, célibataire) après avoir demandé s’il était bien à la bonne « adresse », quai Arthur Rimbaud. Les trente-deux autres individus de ce groupe hybride opinent de la tête. On aurait plébiscité ce modèle idéal, continue Jérôme. Bah, la Sambre est là, juste en face de nous, rétorque Mathias (trente-neuf ans, enseignant, marié à Isabelle, présente elle aussi à cet atelier), y’a plus qu’à plonger. Et pourquoi il a pas mouillé son maillot, le Rimbaud ?
C’est parfait pense Charlie, ça démarre fort, ils sont tous motivés, gonflés un max et plein d’enthousiasme gravos pour le sujet. Et tout en poésie avec ça. Stupéfiant vu le thème de cet atelier. Tous des défaitistes en puissance. Fallait s’en douter, rien de rose au Pays Noir. Sur ces belles paroles, Charlie rebondit : « Alors bonjour à tous, j’espère que vous n’êtes pas armés, pas de fusil ni de révolver, pas de canon ou explosif quelconque, et aucune arme blanche, comme stipulé dans les consignes envoyées par mail hier matin. Surtout pas de passage à l’acte avant mon signal, si signal il y aura après délibération du jury. Et aussi, dernier avertissement, n’espérez pas mettre une seule patte sur une mine antipersonnel, nous sommes à Charleroi, c’est pas une république bananière, c’est le Pays Noir. Avant d’avancer dans ce projet, j’aimerais qu’on discute de vos motivations. Je ne voudrais pas que vous passiez à l’acte et puis que vous le regrettiez, ah ah ah ». De petits braiments fusent de part et d’autre. L’humour, lui, n’est pas encore mort, pense Charlie, c’est parfait. Et bien au contraire d’après ce qu’il entend à présent.
— Nous sommes trente-trois, ça commence bien ! ânonne sur un ton décalé Fabrizio (cinquante-six ans, « démullisseur » d’os d’ânes, veuf depuis dix jours).
— Ah, et pourquoi ça ? demande Angéla (septante-huit ans, retraitée, divorcée depuis deux heures).
— Ben trente-trois, comme le Christ. Il avait pas trente-trois balais quand il est mort raide crucifié, le prénommé Jésus ? intervient du tac au tac Helmut (quarante-neuf ans, au chômage depuis vingt ans, séparé).
Alors on pourrait pas passer aux choses sérieuses ? Charlie demande nos motivations,
allons-y, déballons-les ! Y’en a marre de glander comme ça et en plus, la météo annonce de la pluie pour quinze heures. Je veux crever le plus vite possible car vivre coûte la peau des fesses. Y’en a marre d’allonger des biftons pour ces fainéants du gouvernement qui ne pondent que des idées à chier. Voilà, c’est dit (Chris, trente-huit ans, ex-postulant pour animer cet atelier).
Oui, le gars au chapeau de cow-boy a raison, et surtout qu’avec nos tunes, ces pourris
se paient des vacances au soleil, je voulais juste ajouter ça (Gaby, trente-sept ans, esthéti-chienne dans une maison zoo-médicale).
Ben moi, ma femme s’est fait la malle. Partie comme ça, sans aucune valise, un matin
de printemps quand les prunus des voisins venaient de montrer leurs premières fleurs. Impossible de vivre sans elle. La machine à café, la machine à lessiver, le séchoir et la bouilloire électriques et tout ça, j’arrive pas à les mettre en route. Et les plaques vitrocéramiques, c’est trop dangereux pour moi (Jean, soixante ans, échevin des travaux).
Mon voisin refuse de couper sa haie, plus un seul rayon de soleil n’apparaît dans ma
cour, que de l’ombre toujours de l’ombre. Je me dis que là-haut je baignerai dans un océan de soleil pour l’éternité (Jeannine, trente-neuf ans, mannequin et doublure de Maryline Monroe, future pensionnée).
Mon mari est mort depuis deux ans et ses ronflements, je les entends encore, ça
chamboule mes neurones. C’est inhumain de vivre comme ça. Le rejoindre lui et ses ronflements, c’est mon plus cher désir (Victor, coiffeur, vingt-deux ans, veuf de Taylor).
Titus, mon chat d’amour, s’est jeté par la fenêtre de mon appartement social, un samedi
matin par temps de pluie. Du dixième étage. Il n’a laissé aucune lettre à sa maman pour justifier son geste (Amandine, septante-quatre ans, madame pipi à la gare de Charleroi).
Je suis un rejeté de l’euthanasie. Mes motivations n’étaient pas assez stupéfiantes,
d’après les toubibs qui se sont épanchés sur mon cas. Je pouvais réintroduire un dossier. J’ai préféré m’inscrire à cet atelier. C’était plus sécurisant (Anatole, ignorant de sa date de naissance, éleveur de mulets en Algérie, venu à Charleroi pour l’occasion).
Avant-hier ma femme revient à la maison avec des cheveux rouges. Je la préférais en
rétroversion verte. Ma femme est têtue comme un mulet (Sanson, nonante-neuf ans, chanteur).
Ouais. À vous entendre, l’émotion m’étreint. S’il n’y avait que moi, vous passeriez tous la seconde étape.
Je serai sélectionnée ? Car dans le cas contraire, je me pends, mon métier tend à
disparaître (Huguette, trente-sept ans, cordelière).
Écrivez-moi cela noir sur blanc. Sans fioriture. Le jury sera sensible en lisant vos motivations, croyez-moi. Et lorsque les membres du jury, c’est-à-dire les élus de la Ville, auront délibéré lors du prochain conseil communal ce lundi soir, vous serez contacté personnellement.
À ce moment précis, un énorme « plouf » se fait entendre et des éclaboussures atteignent plusieurs postulants du troupeau.
Ben oui, il ne sait ni lire ni écrire, le pauvre. C’est trop injuste quand même. Du coup,
il n’a fait ni une ni deux. Il a préféré plonger et donner son corps à la Sambre (Kaliméro, cinquante-quatre ans, porte-parole des cas désespérés).
Élina et Andréa Paredes s’attendrissent devant la beauté de leur fils Dave, un bambin de quatre ans et demi. Étendu sur le tapis mexicain de l’unique pièce, l’enfant s’amuse avec un camion miniature et des petites voitures de toutes les couleurs. Sa préférée est une voiture blanche sur laquelle on lit « POLICE ». Les vroum-vroum fusent à gogo ainsi que des rafales de bang-bang-bang et puis de pin-pon, pin-pon. Élina s’accroupit, prend une petite voiture et la lance en direction du garçonnet. Celui-ci n’esquisse aucun sourire, il grimace et lève le poing en direction de sa mère. Il remet avec rage tous les jouets dans une grande caisse et d’un pas décidé, il traîne la caisse vers le coin le plus sombre de la pièce. Élina ne réagit pas devant l’étrange comportement du blondinet. Elle s’approche de son compagnon et embrasse celui-ci avec tendresse : « Notre fils est si mignon, ses yeux bleus, ses cheveux d’un blond …, d’un blond … Tu es de mon avis n’est-ce pas ? Andréa ? Andréa ? demande Élina, en même temps sous le charme de son petit garçon et étonnée du silence de son compagnon.
Lorsque toi et moi nous promenons Dave dans les quartiers de Chelsea, les gens pensent que nous l’avons adopté ou pire encore, que nous l’avons kidnappé, réplique Andréa sur un ton très calme afin de ne pas heurter Élina.
Pourquoi es-tu si cruel dans tes propos ? Tu regrettes notre choix ? Tu ne voulais quand même pas qu’il soit aussi basané que nous ? Xénophobie, tu as oublié le sens morbide de ce mot ? Et le mot racisme, ça ne te dit rien du tout ? Tu aurais voulu qu’il vive ce que nous deux nous vivons chaque jour depuis notre arrivée, ici, aux States ? réplique-t-elle, larmoyante.
Si nous étions restés à Tépito …
Ce maudit quartier de Mexico ! Et tu aurais continué ta contrebande avec tes potes débiles ? Tout ça pour vendre deux kilos de chiffons troués et ramener quatre pesos chaque soir ? Nous sommes venus ici pour une nouvelle vie, une nouvelle vie pour nous et pour notre enfant !
Élina, calme-toi. Lorsque je prends Dave dans mes bras je me demande s’il est mon fils, s’il est notre fils. Il grandit. Ce regard hostile qu’il nous porte … tu ne remarques rien ? Ouvre donc les yeux, tu te voiles la face ! L’autre jour j’étais nu dans la salle de bain, Dave a pris une éponge et a commencé à me frotter les jambes … il pensait que j’étais sale ! Sale ! Tu comprends, Élina ? Sale ! »
Élina soutient les curieux gestes de son fils, tente même de l’excuser. Elle invoque le jeune âge de Dave et affirme que plus tard, il approuvera les sacrifices de ses parents et qu’il mènera une vie digne et normale. Andréa, pas du tout de cet avis, monte le ton d’une octave. Il est conscient que Dave est de plus en plus blessant, teigneux, hargneux. Le père de famille s’interroge au sujet de ce qu’il s’est passé lorsque lui et Élina ont décidé d’avoir un enfant et qu’ils ont franchi toutes ces étapes hyper-médicalisées vécues avant la naissance de leur fils. Il lui rappelle que tous les deux se sont rendus à Manhattan dans un des laboratoires « Floda Reltih » et que là ils ont accepté que les généticiens procèdent à une modification de leur ADN respectif, ceci afin de choisir le sexe de leur enfant, ses caractéristiques physiques, et bien d’autres critères. Andréa continue la discussion, il veut mettre les choses au point avec Élina : « Il comprendra ? Que comprendra-t-il ? Devra-t-on lui avouer que ses parents ont coché des cases sur un quelconque document et qu’ils se sont laissé triturer leur ADN par cette Floda je-ne-sais-plus-comment dans un laboratoire de Manhattan ? Tout ça pour qu’il soit blond aux yeux bleus ou dans le pire des cas roux aux yeux bleus ou verts, qu’il mesure un mètre quatre-vingts et qu’il n’aime, par un tour de magie génétique, uniquement les femmes ? Il est beau le résultat, nous pouvons être fiers de notre décision ! Et ce n’est que le début, attendons qu’il devienne adulte …
Tu aurais souhaité qu’il soit gay ?
Oui ! Il a cassé deux dents à son copain John ! A-t-on coché la bonne case sur le document ou tout cela était-il de la manipulation ? Parce qu’en plus, tout cela a coûté très cher, nous remboursons encore chaque mois cette Floda comment déjà ? Enfin soit ! Et dans New-York nous sommes des centaines à vivre ce calvaire ! Dans vingt ans, ici, les vieux devront porter des lunettes de soleil tellement la jeunesse sera blonde et éclatante.
Oh ! Andréa !
Oh ! Andréa ! Tu te justifies en me lâchant ces deux mots : « oh ! Andréa ! » Cette Floda peut se la péter, je l’entends chaque jour dans les pubs à la télé, à la radio, sur tous les réseaux, et même dans des séquences sur You Tube, un véritable matraquage pour tous les cerveaux: « La liberté totale pour les parents, choisissez tout de et pour votre enfant, son sexe, la couleur de sa peau, de ses yeux, de ses cheveux, son caractère … » Choisissez tout de votre enfant, de l’arnaque ce choix, ça oui. Notre ADN est bousillé ainsi que celui de notre enfant et, idiots que nous sommes, tout cela avec notre bénédiction. Cette Floda Reltih, voilà son nom me revient, cette Floda Reltih nous a menés en bateau. Dave est un enfant violent et comment cette fureur aura-t-elle évolué dans dix ans ? Il frappera tout individu qui ne sera pas de son avis ou n’aura pas la couleur de sa peau ?
Andréa, tu me fais peur. »
Dans l’état d’Alaska, sur l’île d’Akutan, à la même période. Kavik et Amuka Okpik sont en pleine conversation. Eux aussi ont fait appel à un laboratoire « Floda Reltih » et eux aussi restent perplexes devant le comportement plus qu’équivoque de leur enfant : « Nous étions d’accord pour bercer une petite fille, toi et moi. Et nous voilà avec Cupun, et Cupun n’est pas une fille, il a ce quelque chose en plus … Quelle est l’origine de cette erreur, crois-tu ? Avons-nous zappé l’envoi d’un document ? demande Kavik, pensif.
Je ne comprends pas. L’ordinateur aurait donc buggé au moment de l’envoi des fichiers, répond Amuka, l’air aussi préoccupé que celui de son compagnon. Ce n’est pas grave. Nous l’aimons, notre Cupun, conclut-elle.
Pour nous c’est anodin, oui. Pour certains couples, le sexe de l’enfant, c’est primordial. Cibler un choix, c’était le but de ces injections, de ces manigances multiples au niveau de notre ADN. Mais tu n’as pas tort mon Amuka. Car ici, au milieu de nulle part, la vie est rude et plus compliquée pour les filles que pour les garçons. Le bateau n’approvisionne notre île qu’une fois par mois. Les filles veulent tout et tout de suite. Dans le cas contraire, elles piquent une crise « Je veux ces chaussures-là et pas celles-ci ! », explique Kavik d’une façon décontractée, histoire d’apaiser la situation.
Nous avions coché la case « caractère doux », et tu as remarqué le caractère de notre fils. Puisque nous parlons de tout ça et que Cupun s’est endormi … »
Kavik écoute alors le récit d’Amuka. C’est un couple très uni. Leur vie sur l’île n’est pas drôle tous les jours, la rudesse du climat et l’éloignement du continent les ont rapprochés l’un de l’autre au fil des années. Entre eux, il n’y a aucun secret. Amuka raconte alors la désobéissance de Cupun, la veille :
« Hier, il voulait pêcher. J’ai refusé, il faisait trop froid même en plein milieu de l’après-midi. Le soleil était timide, l’air restait glacial. En silence et tout en me narguant d’un regard hautain, il a attrapé le marteau qui était resté sur l’appui de fenêtre, il est sorti et, en se retournant vers moi d’un air qui signifiait « je me fous de ce que tu chantes », il s’est acharné avec une force démentielle à marteler la glace jusqu’à briser celle-ci. Je suis restée à l’intérieur, derrière la fenêtre. J’ai surveillé chacun de ses gestes. Il a pêché un poisson. Et crois-moi, je l’ai bien observé. Il a ciselé le pauvre animal sans prendre la peine de l’assommer comme il te voit le faire, parfois. Il l’a ciselé vivant. Vivant. Oui, vivant, tu as bien entendu. Nous lui avons pourtant enseigné le respect de la nature et des animaux. Je me questionne et me demande si vraiment, nous avons eu une bonne idée de passer la porte de ce laboratoire. Choisir tout de son enfant, cocher des options comme si nous décidions des accessoires pour l’achat d’une nouvelle voiture, de sa couleur ou de la marque de ses pneus. Cocher des cases pour le physique et le caractère de notre enfant, comme c’est regrettable. Notre ADN a été manipulé. Qu’en est-il exactement à long terme des conséquences sur notre santé et de celle de notre enfant ? Dans moins d’un siècle tous les habitants de notre belle planète bleue, si ces laboratoires le décident, se ressembleront trait pour trait. D’après les statistiques, septante pour cent des parents cochent les mêmes cases, ou presque. L’enfant préféré est blond aux yeux bleus et soi-disant docile. Des parents portent plainte, ils avaient coché bien autre chose. Et toutes ces pubs à la télé qui nous repassent à n’en plus finir des images de couples heureux promenant un enfant souriant, c’est du pipeau, continue-t-elle, dépitée par la situation. Notre Cupun n’est jamais content de rien, il déchire les livres, cisèle les poissons, bousille les ordinateurs et il n’a pas encore cinq ans. Je me demande ce que nous ferons de lui. Travailler comme nous dans une usine de traitement de poissons, j’en doute. Si ça continue, lorsqu’il aura quinze ans, lui et ses copains mettront notre belle île sens dessus dessous. Je pense que les Johnson et les Cooper sont eux aussi passés par les laboratoires « Floda Reltih », j’ai entendu une conversation la semaine dernière en allant rechercher Cupun à l’école.
Et ? demande Kavik, impatient de connaître la réponse d’Amuka.
Les enfants ont le sexe demandé.
Tout est parfait alors. Mais encore ? Je devine que tu ne me dis pas tout …
Les enfants sont violents … La fille des Johnson est une vraie tigresse. On leur avait promis à eux aussi un enfant « docile ». Tout ça, c’est flippant, mon coeur. Comment seront les enfants de nos enfants ?
Nous sommes impuissants devant de tels dégâts. Je suis effondré d’apprendre tout ça. »
Sur les chaînes des télés du monde entier et ce plusieurs fois par vingt-quatre heures, Floda Reltih dilue sa propagande tout en affichant un large sourire. De l’Australie en Allemagne en passant par les États-Unis, « la scientifique du siècle » comme on la surnomme désormais, informe la population mondiale des progrès continus du génie génétique. Ses promesses d’un enfant parfait et conforme aux caractéristiques demandées intéressent un nombre croissant de parents, le concept cartonne plus que jamais. La plupart des maladies sont éradiquées, celles provoquant des handicaps physiques et puis, toutes les autres qui empoisonnent la vie de tellement de familles. Pour les sécurités sociales de tous les pays, c’est une économie quasiment indéchiffrable. Des milliards sont dès lors réinjectés dans la recherche génétique et tout spécialement au sein des laboratoires « Floda Reltih », qui à ce jour se comptent au nombre d’une cinquantaine, dispersés aux quatre coins de la planète.
Les parents dont l’enfant ne répond pas aux critères demandés tentent de porter plainte. En vain. Les plaintes sont avortées, faute de preuve. En effet, les documents étant numériques, il est facile aux laboratoires de trafiquer tous les dossiers, voire même les évacuer via la poubelle virtuelle. Un règlement plus soutenu en faveur des futurs dossiers n’est même pas envisagé. Les laboratoires « Floda Reltih » mènent la barque et les gouvernements capitulent face à cette toute puissance financière. Des associations sont créées, les parents mécontents se regroupent et évaluent tant bien que mal le nombre de « dérapages ». Il est mis en évidence que plus de mille enfants sont nés blonds aux yeux bleus alors que ces deux caractéristiques n’avaient pas été souhaitées. Mais ce chiffre serait largement sous-évalué. Pour le caractère agressif non demandé également, aucun chiffre n’est ressorti vu le manque d’objectivité de certains parents et la difficulté à évaluer l’état d’agressivité chez un enfant.
Des communautés reconnues comme par exemple celle de la LGBTQIA+ commencent à s’intéresser au problème, entraînant dans leur sillage les services d’égalité des chances ainsi qu’entre autres, divers groupements féministes. Les politiques européens de gauche s’insurgent, les laboratoires « Floda Reltih » seraient financés par des groupes d’extrême-droite, néonazis et dès lors antisémites. Et la preuve en serait l’émergence d’enfants blonds aux yeux bleus, signe indéniable d’une revendication flagrante pour une résurgence de la race aryenne. Dans le dark web ainsi que dans les médias alternatifs, des bruits circulent au sujet des origines de Floda Reltih. Qui est-elle vraiment ? Qui est cette généticienne de génie ? Pourquoi voici six ans à peine Floda Reltih était encore une parfaite inconnue ? Aujourd’hui, les fillettes veulent lui ressembler à tout prix et posséder la poupée « Floda Reltih ». Pour les garçons, Floda Reltih est la femme idéale, elle évince toutes les autres …
Dans son loft bruxellois, Tobias Cornélis est nerveux, il lutte contre lui-même. Il se refuse d’entamer cette bouteille de whisky, toutes ses capacités de réflexion doivent être maintenues à cent pour cent. L’éminent généticien ne cesse de s’interroger, « pourquoi bon Dieu j’ai accepté de rencontrer ce type, Otto Mancini ? Je ne le connaissais même pas, c’était pour moi un parfait inconnu. L’appât du gain et la possibilité de poursuivre mes invraisemblables travaux expérimentaux ont vaincu mon sens des responsabilités. Je me déteste. » Pour s’éviter des ruminations stériles, il ouvre son ordinateur et tente de focaliser sur l’un ou l’autre dossier. À ce moment précis son portable se met à vibrer, l’expéditeur est anonyme : ses comptes ouverts dans plusieurs paradis fiscaux sont approvisionnés, il doit poursuivre le contrat, il atteint le but. Il est obligé de détruire cet appareil et d’en racheter un autre, comme à chaque communication. Il est pisté et ne doit pas s’inquiéter. On le retrouvera où qu’il aille.
Tobias Cornélis se revoit à ce rendez-vous, voici cinq ans à peine, dans un hôtel de la capitale européenne. Pour ce scientifique de haut vol, chaque opportunité de rassembler des fonds pour ses recherches présentes et futures vaut la peine d’être étudiée, et les premières propositions de cet Otto Mancini ne sont pas à négliger, elles sont mêmes inespérées. Son premier contact avec Otto Mancini ? D’abord un mail des plus banal et puis une énigmatique conversation par GSM, rien de rassurant. Jusqu’à ce soir-là, quand les deux hommes se rencontrent dans le bar d’un hôtel bruxellois. Otto explique à Tobias Cornélis qu’il représente une société secrète brassant des milliards de milliards de dollars : « L’organisation à laquelle j’appartiens, la société « Tarbunia », vous ne la connaissez pas. Moi-même j’ignore qui, du haut de la pyramide, tire les ficelles de cette gigantesque organisation. Ce nom étrange, Tarbunia, n’apparaît jamais dans les médias mainstream, inutile que vous perdiez votre temps dans des recherches, elles seront vaines. Vous, Tobias Cornélis, vous êtes à ce jour le scientifique le plus brillant de la planète. Dans vos laboratoires bruxellois vous avez réalisé des travaux inestimables, extraordinaires. La double hélice de la molécule de l’ADN, le génome de ces deux brins antiparallèles, tout cela n’a plus aucun secret pour vous. Ne me dites pas le contraire, vous êtes bien trop modeste mon cher Tobias. Nous ne l’ignorons pas, très bientôt, des maladies seront éradiquées grâce à vous. N’est-ce pas ?
Une taupe dans mes équipes ? s’inquiète Cornélis.
Ne vous inquiétez pas pour ces futilités, Tobias. Voilà, je vous propose un contrat mirobolant, vous entendez, mirobolant.
Ah oui ? Et à combien s’élèvera-t-il ?
C’est vous qui le déterminerez. Un milliard. Deux milliards. Vous déciderez.
Incroyable tout ça, incroyable. Votre organisation …
Je ne peux rien vous dire de plus.
Qu’attendez-vous de moi ?
C’était la question à poser, Tobias. »
Otto Mancini ne quitte pas des yeux ceux de Tobias Cornélis. Il se montre sûr de lui, il est certain que le scientifique signera à deux mains le contrat annoncé : « Nous savons donc que vous avez poussé vos recherches bien plus loin que ce que vous en dites dans les revues soi-disant scientifiques. Vous voulez éradiquer encore plus de maladies. Nous vous comprenons mais …
Mais ?
Il n’y a pas que les maladies qu’il faut anéantir … Tous ces gens sont tellement violents, il faudrait qu’ils soient plus dociles, non ? Ou carrément remplis d’une hostilité inqualifiable … Que les hommes soient de vrais mecs et les femmes … vous me suivez ? Les jeunes d’aujourd’hui hésitent sur tout et sur rien, même quand il s’agit de leur sexe ! Un mec est un mec et une femme est une femme, ça ne se discute pas ! Et puis bien trop d’enfants naissent sur cette planète, il faut réguler tout ça.
C’est ignoble ce que vous me demandez, ignoble !
L’argent, Tobias, pensez à tout cet argent ! Vous rendrez la planète plus propre. Il n’y aura plus de violence, plus de guerre, vous songez à ça ? Un homme docile ne se bat pas, ou si peu … Disons que le combat continuera, le plus fort contre le plus faible, la formule idéale pour provoquer le chaos.
Et puis, si la race humaine pouvait avoir un épiderme … plus blanc, vous comprenez ?
Vous m’écoeurez !
Vos milliards, Tobias, pensez à vos milliards, vous salivez déjà, je le pressens … La société étant capable d’éliminer tout individu trop brillant, nous avons décidé de vous protéger et nous vous proposons ceci : vous serez « remplacé » par un robot muni d’une intelligence artificielle excellentissime dont vous tiendrez les commandes. Cette technologie, vous la manipulez déjà, nous le savons. Les médias ne connaîtront que ce robot, robot qui se nommera Floda Reltih. De temps en temps donnons de l’importance à la femme, Tobias, n’est-ce pas ? »
Tobias Cornélis reste figé devant ces propos ignobles qui font fi de toute éthique, de toute règle morale. Il lâche : « Floda Reltih, pourquoi ces nom et prénom ? J’ai zappé quelque chose ?
Mon cher Cornélis, je vous croyais plus perspicace, vous me décevez, réplique Otto Mancini sur un ton sec et outrecuidant, ne laissant aucun doute sur son envie de domination. C’est l’anagramme d’une personnalité inoubliable. Je ne le nommerai pas ! Cornélis, réveillez-vous !»
Tobias Cornélis finit par l’entamer, cette bouteille de whisky. Il allume la télé. Sur tous les chaînes, à intervalles réguliers, des séquences affichent des pubs pour les laboratoires « Floda Reltih ».
Floda Reltih, c’est également son œuvre. Le premier robot muni d’une intelligence artificielle et d’une plastique si parfaites qu’il semble humain. Aujourd’hui Tobias Cornélis ne contrôle plus rien. L’élève a dépassé son maître.
L’éminent scientifique se verse de nouveau un verre de whisky et lit le dernier message envoyé par un pion ou l’autre de la société secrète Tarbunia :
« Vous atteignez le but, monsieur Cornélis, bravo. À présent, éliminez tous les embryons non conformes. Tous. Rendez-vous prochainement pour l’étape suivante. Floda Reltih vous remercie. »
Jusqu’à mes dix-sept ans et demi, avant la naissance de Camille, mon adolescence ne fut que parade et futilités. Pour quelles raisons aurais-je dû suivre l’exemple des hommes burinés du pays ? Travailler, ne faire que ça ! Et, comble de l’horreur… suer, puer ! Hors de question que mes vêtements aient pu sentir l’odeur musquée de la transpiration. Hors de question d’avoir de la terre sous les ongles. J’agissais comme un faraud.
J’étais très coquin. Avec moi, chaque journée, qu’il ait plu ou qu’il ait fait soleil, qu’il ait neigé ou qu’il ait fait du vent, devenait une kermesse sans fin. Je feignais d’ignorer la monotonie de la vie. Je me préservais de la réalité pesante du quotidien. Je l’ignorais, tout simplement. C’était une illusion… Délicieuse, certes, mais une illusion. J’en étais conscient, mais je préférais le souffle doux de l’insouciance et l’enfance qui ne finit jamais… On appelle ça, aujourd’hui, le ‘‘syndrome de Peter Pan’’.
Mère filant la laine, nous n’étions pas parmi les plus pauvres. Il ne nous arriva que rarement de devoir sauter un repas – nous cultivions des légumes dans notre jardinet.
Père, parfois, ramenait du petit gibier à la maison. Il considérait la chasse comme une distraction. Peut-être braconnait-il sur les terres des riches seigneurs les plus proches ? Je n’en savais fichtrement rien et je m’en moquais. Sinon pour nous insulter, nous ne communiquions plus du tout, cet ostrogoth et moi.
Nous étions loin, comme je viens de le dire, de compter parmi les plus malheureux – l’habitude fait sembler naturelles les choses les plus difficiles –, mais, s’il le fallait, c’est toujours mère qui sacrifiait son repas, se contentant d’un tout petit bout de pain. « Cela me suffit ! » disait-elle en souriant. Alors, je faisais mine d’être rassasié pour partager, avec elle, le contenu de mon assiette. Elle ne me trompait pas, maman Delecroix.
Croyez-vous que père se serait soucié de savoir si sa femme mangeait à sa faim ? Que nenni ! Il fallait le voir se goinfrer, accoudé à table, et entendre les bruits insupportables de sa mastication. Il me donnait envie de vomir… Un jour, me concentrant tellement sur les mouvements informes de sa bouche, je dégobillai, incapable de contenir le mélange dans mon estomac qui se répandit, en totalité, dans son assiette. Ce jour-là, il entra dans une colère noire et bondit pour m’en coller une. Mais, comme toujours, mère s’interposa. Seigneur ! Comme j’avais envie de rire, dans ces moments-là. Je jubilais ! Comme possédé par un quelconque démon facétieux.
« Un jour, mon garçon, ta mère ne sera pas là pour protéger tes fesses ! » aboyait-il, me menaçant de son poing bouffi.
« Vous entendez ça, mère ? Vous entendez ça !?! Il voudrait me voir mort ! Il voudrait me voir mourir dans d’atroces souffrances ! J’en suis sûr ! Regardez son regard de fou ! »
C’était toujours le même scénario… Lors de ces affrontements sans fin, mère devenait une véritable furie. Moi, il est vrai, je savais devenir quelque peu diabolique. Mais je le haïssais, ce mufle. Ce pourceau ! Il me dégoûtait.
« Tu devrais avoir honte, Jean ! Comment oses-tu menacer ton propre fils ? Gredin ! Misérable ! hurlait-elle, ulcérée. Que le Diable t’emporte ! Et qu’il t’emporte loin de nous ! »
« Qu’il vous emporte, femme ! Tous les deux ! répondait-il. Toi et ton bon à rien de fils, vous êtes des boulets que je traîne ! »
Le visage rubicond, me dévisageant méchamment, il quittait la table en grommelant tout bas – bouillie incompréhensible d’insultes et de maléfices qu’il aurait bien voulu me jeter.
Mère me prenait alors dans ses bras, comme quand j’étais tout petit, et me baisait le front, caressant mes cheveux et se mettant à fredonner de jolies mélodies.
Comme précisé un peu plus tôt, elle filait la laine. La renommée mit peut-être un certain temps à poindre, mais la laine des Delecroix finit par devenir célèbre dans les trois quarts du pays. Grâce au succès grandissant des ouvrages confectionnés par maman Justine, notre vie s’améliora considérablement. Ah ! Il fallait nous voir, sur les marchés ! Nous pûmes même acheter des bœufs et deux chiens. J’étais ravi de posséder des chiens, comme ceux que possédaient les familles nobles qui résidaient rue Jules Daudé, là où l’on trouvait, assurément, les plus beaux spécimens d’escaliers dits ‘‘aragonais’’.
Tout ce que nous avions, nous le devions à mère. Tout le mérite lui revenait. À elle. Et père en était malade. Pour cela, je le détestais. Je le détestais tout court.
« Votre mère semblait vous aimer plus que tout au monde, dit Lela. Elle doit terriblement vous manquer… Est-ce que vous pleurez, Virgile ? Ce sont des larmes de sang, sur vos joues ? »
Je ne pouvais qu’opiner.
« J’ai beau être immortel, Lela, j’ai toujours des sentiments humains. Je pense à elle, chaque jour que Dieu fait. Je pense à mon petit frère. À Théo… J’aurais bravé les Enfers, pour eux… J’aurais défié les dieux. »
Un nouveau silence pesant s’abattit, embarrassé, opaque et étouffant. Je baissai mon visage, ne cherchant même pas à essuyer les larmes qui gouttaient à terre, plus lourdes que du plomb. Lela me tendit un mouchoir en soie d’une blancheur immaculée, que j’acceptai.
« Merci beaucoup… »
« Ne vous excusez surtout pas… me coupa-t-elle. Je pense que vous êtes bien plus humain que la plupart d’entre nous, Virgile. Vous êtes beau. Réellement beau. »
Enfoncé dans la méridienne Louis XVI qui m’avait été attribuée par notre ami cameraman, je lui offris un demi-sourire franc et reconnaissant. Elle me sourit, elle aussi. Elle ressemblait à la madone d’une toile de maître. Enchanteresse et mystérieuse. Je garderai, à tout jamais, l’image de ce doux sourire dans l’un des recoins de mon âme.
Je m’interrogeai. Un sentiment nouveau était-il en train de naître ? Et si jamais la réponse était oui, devrais-je refouler ce sentiment ou, au contraire, l’épouser ? Lela, quoique hésitante, eut, Dieu merci, la brillante idée de couper court à la mélancolie suffocante qui m’envahissait.
« Et si vous nous parliez un peu de vos amours ? »
« Mes amours ? » me troublai-je.
« Ne plissez donc pas les yeux… Je souhaite tout connaître de vous. De l’homme avant la venue des ténèbres… Je suis certaine que vous deviez être très populaire auprès de la gent féminine, je me trompe ? Je suis sûre que non… »
« Voudriez-vous que j’écorche mon image, Mademoiselle Jeannette ? »
Elle rit, affirmant qu’un peu de légèreté nous ferait le plus grand bien – elle avait raison. Puis elle me demanda si j’avais été amoureux. Je répondis par l’affirmative, ajoutant que les plus belles histoires d’amours, trop souvent, prennent fin dans un océan de larmes…
Je dus m’interrompre un petit moment sans même m’en rendre compte, car Lela se mit à murmurer mon prénom plusieurs fois de suite.
Avant d’arriver au château appartenant désormais à Axel de Fersen, je n’avais pas mesuré l’entière portée de mes actes. Moi qui m’acharnais à me persuader d’être exsangue d’émotions, j’avais tout faux – mais je le savais très bien, en réalité. Me confronter à ces êtres humains m’avait rappelé que, peut-être, j’en étais encore un.
La suite dans ‘‘Ainsi, je devins un vampire’’.
Merci aux personnes qui me soutiennent et croient en moi, sans doute plus que moi je crois en moi… Ce nouveau roman, qui est en réalité mon tout premier (réactualisé), je l’ai gardé pour moi 20 ans… 20 ans ! Je suis très ému de le partager avec vous. Je suis excité, mais j’ai aussi très peur.
J’espère que vous l’aimerez…
Merci encore, et merci à Christine et à notre big boss.