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Alain Magerotte a lu "Changements" de Laurent Dumortier

Publié le par christine brunet /aloys

 

Alain

 

CHANGEMENTS

Par Laurent Dumortier

 

Hop là, t’as lu ? Ah, mais faut faire gaffe de ne pas en louper une ! 30 Nouvelles confinées sur 97 pages ! Ce doit être un record dans le genre ! La nouvelle réduite à la portion congrue !

Est-ce voulu pour donner le tournis ?... A peine entre-t-on dans une histoire que la suivante se pointe déjà, plus sordide, plus sanglante… on passe ainsi allègrement de la science-fiction au fantastique, du fantastique au gore…

Et puis, en deux coups de cuillère à pot, tout est dit. Si cette extrême concision apporte un indéniable rythme, et si certains thèmes abordés s’en accommodent plutôt bien, d’autres, par contre, me laissent sur ma faim.

C’est la même sensation que celle ressentie face à la Nouvelle… Cuisine Française. Les mets sont recherchés, originaux, mais je ne suis pas rassasié. J’en demande encore.

Certains récits, en effet, auraient mérité un développement plus long, histoire de baigner plus longtemps dans des ambiances aux antipodes de celles rencontrées au Club Med. Car, bonjour l’horreur, elle s’insinue partout !

Mais, passons un peu tout cela en revue.  

 

LA FRONTIÈRE : Dans un pays en guerre, une histoire d’amour naît entre un soldat et une autochtone. Une histoire d’amour qui finira mal.

FLORA : Une fleur qui rend stérile… attention, espèce humaine en danger !

ÉVOLUTION : Voici venu le temps des fourmis…

COQUILLAGES ET CRUSTACÉS : Tiens revoilà Carsena !... Des cadavres sur une plage et un redoutable prédateur !

COMMANDE DE TIMBRES : Faut vraiment être timbré pour faire ce boulot…

CLIPCLAP : Le bureau d’à côté est vide… et pourtant, quelqu’un pianote sur leL Dumortier Changements terminal qui s’y trouve… Brrr…

LA CAVE : Une odeur nauséabonde empeste la maison de Martine Xavier…

À VOUS DE JUGER !: L’écoeurant cynisme de la téléréalité !

IDENTITÉ : Un homme ne se reconnaît plus en se regardant dans un miroir (ma préférée)…

VISIONS : Emile Hilaire hérite du don de percevoir l’évolution de chaque individu…

VISITE : Durant la nuit, François reçoit la visite d’un étrange personnage…

LA CROISIÈRE : Après s’être annoncée sous les meilleurs auspices, la croisière vire au cauchemar…

SIRTAKI : Au menu du jour de cette maison de retraite; musique et danse grecques. Une pensionnaire qui se morfond, malgré les efforts de la Direction, décide de mettre ce jour à profit pour…

LE RADEAU : Il y a danger d’approcher ce radeau jonché de cadavres…

BRUGES… LA NUIT : Ce n’est pas pour autant que l’auteur fait dans la dentelle…

PIERRES DE LUNE : Après la multiplication des pains, voici la prolifération des pierres de lune…

LE PEINTRE : Le célèbre Maurice Dufaux est un spécialiste des «Natures Mortes»… Une enquête de Carsena.

LE TEMPLE DE NECTA : Ce temple recèle davantage que les richesses archéologiques que l’on peut y découvrir…

RETROUVAILLES : Un vieil homme ne se console pas de la perte de son épouse…

MARIA TENHENBAUFFE : Il faut éviter les séances de spiritisme…

LE MANDRILL : Un jeune homme en quête d’un emploi se rend chez le bourgmestre de sa commune avec, en filigrane, une malédiction africaine…

LA LOCATAIRE : Irène Fulbert, surnommée «la teigne» est morte, assassinée… L’inspecteur Carsena entre en action…

LE ZOO : Voilà un zoo qui contient de bien curieuses espèces…

LE TRAIN : Où va-t-il et, surtout, qui est aux commandes ?...

LE ROYAUME DES GLACES : Un célèbre explorateur (qui n’est pas Max) se retrouve prisonnier dans le Royaume des glaces…

LE PUITS : Quand le ver est dans le puits…

LE CIMETIÈRE : L’inspecteur Carsena affronte un professeur obsédé par la régénération cellulaire…

LA PISCINE : A l’instar des Gremlins, François Vincent doit éviter l’eau…

LABO SOMMEIL : La belle (infirmière) et la bête, made in hospital

CARNAVAL : Musiques, danses et vampires… quel programme !

 

Au bout du compte, voilà un petit recueil pas désagréable. Il se laisse lire facilement et n’importe où (bus, tram, train, métro, bateau, avion…). En cette période de cadeaux, il ne dénotera pas sous le sapin de Noël. A moins que vous ne le jugiez trop dangereux à cause de son contenu et que, dès lors, porté par une terrible malédiction, vous craigniez que ce recueil diabolisé dépouille votre conifère préféré de toutes ses épines.

Allons, allons, qu’est-ce que je raconte… Il est temps de m’extraire de toutes ces histoires sordides qui risquent de me faire perdre la boule… de Noël, comme il se doit.

 

Alain Magerotte

 

A. Magerotte Tous les crimes sont dans la nature

Publié dans Fiche de lecture

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Nouvel an 2012, une poésie de J'Anhou

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/janhoutete.jpg

 

 

 

 

NOUVEL AN 2012 :

 

 

Cette année eut de tout : et bonheur et blessure ;

Douleur avec le deuil et moment d’aventure.

Recevez quelques mots pour ce tout nouvel an

Puisque tout continue, et parfois, en chantant.

 

 

Sans omettre jamais la blessure profonde

Dont je pleure avec vous en prière féconde,

Permettez de garder aussi le bon côté

C’est sans prétention et c’est sans vanité.

 

 

Il fut un grand moment, celui du mariage ;

Moment de tolérance au plus bel alliage.

Merci, chers grands enfants pour autant de bonheur,

Même un jour aussi beau m’a mis l’esprit en pleur.

 

 

Moment fort : mon dernier recueil de poésie

Qui m’a récompensé pour cette fantaisie

Que je mets pour écrire, alterner et rimer,

Cela me fait plaisir, ce n’est pas pour frimer.

 

 

Nous avons découvert d’autre forme au partage

Dans un séjour « Vivre et Aimer » qui nous engage ;

Celle du dialogue avec simplicité,

Celle du dialogue et sa complicité.

 

 

Entretenir j’ai pu la forme autant que l’âme

Sans oublier pourtant tout le feu de ma flamme ;

J’ai retrouvé tout le bonheur du tatami ;

Comme un premier Amour qui demeure un ami.

 

 

 

 

 

 

Important pour moi seul ; l’esprit en paix, sans peine,

Après des mois très durs où ma coupe était pleine.

La « Gazelle » a compris mon chemin de tourment ;

Ce fut comme un éclair ; un nouveau firmament.

 

 

Voilà, j’ai fait le tour : cinquante deux semaines,

Comme le sang, en quelque instant, celui des veines.

Résumé très banal devant l’an à venir ;

Plein de mystère et plein d’espoir de souvenir.

 

 

Recevez tous mes vœux pour la nouvelle année ;

Que des meilleurs elle vous soit enrubannée !

Avec Amour, Bonheur, Réussite et succès !

Régalez vous de tout, mais toujours sans excès.

15/11 & 06/12/2011

J'ANHOU

 

 

 

http://www.bandbsa.be/contes2/hommevers.jpg

Publié dans Poésie

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Journal de bord... Hugues Draye...

Publié le par christine brunet /aloys

 

H.draye

 

 

24 juillet 2011
 
Je bouclerai la boucle (provisoirement) demain.
 
Mais ... je ne retournerai pas en Belgique. Non. Une surprise m'attend, en Corrèze. Sylvain, un pote de facebook, m'a donné des nouvelles.
 
J'ai pas dormi la nuit passée. Je me suis dit : non, c'est trop, entre Châlons et Tulle, en train, je ne m'en tirerai pas à moins de trois cents euros. D'accord, j'avais exagéré. Avec 84 (euros), c'est suffisant.
 
J'ai lu, chez mes hôtes, à Châlons, un bouquin sur le fils présumé de Napoléon. Qui a servi de modèle dans "L'Aiglon", la pièce d'Edmond Rostand.
 
"Je préfère les chansons entraînantes aux chansons de tendres", m'a dit quelqu'un.
J'ai pas compris.
Quelqu'un a ensuite intercédé pour cette personne : "Une chanson d'amour est intimiste ... ce qui veut dire que, quand la personne la reçoit, elle n'est pas forcément dans l'état d'esprit pour la ressentir ... alors qu'une chanson entraînante s'écoute n'importe quand"
Intéressant !
 

 
C'est très beau, Châlons
 

 

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Karl Chaboum : Mourir de peur de mourir...

Publié le par christine brunet /aloys

 

chaboum

 

 

 

 

Mourir de peur de mourir

 

je ne veux pas mourir                               

je voudrais être mort

 

ignoré des hommes de Dieu

courtisé par ceux du Diable

je me retrouve dans une fosse profonde

où les lions  rodent autour de moi

sont-ce les lions de Dieu

les lions du Diable

ils languissent à mes côtés

ils sont de Dieu !

Non ! ils languissent à mes côtés

comme un proche appât diablo

 

je suis pris de mélangivite

bon mal

moral immoral

je suis une toupie

ayant mal à sortir de mon bain                          

mal de Dieu

mal du Diable

je n’en sais plus rien

 

plus facile de croire au Diable

meurtres dépravation colère des foules

comment identifier la source des tsunamis

qu’on dit ne pas être la main de Dieu

sûrement pas celle du Diable

 

croire à ce qu’on ne croit pas

désirer ce qu’on aimerait mieux ne pas voir

 

dans la grande balance¸

qui est le plus pesant

le Diable évidemment

on le voit lui à l’œuvre

 

cet autre, lui aussi invisible

a la clé en main

pour résoudre

les problèmes de ceux qui croient en lui

les autres…

de main de fer

ils seront bercés par la main de fer de Lucifer

 

ceux qui sont dans la balance oscillante…         

mieux vaut qu’ils meurent maintenant

que de mourir plus tard

 

Karl Chaboum

Carol Trottier

mardi, 22 novembre 2011

 

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Publié dans Poésie

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"Je n'aime rien ni personne", une poésie de Silvana Minchella

Publié le par christine brunet /aloys

http://www.bandbsa.be/contes3/minchellatete.jpg

 

 

 

Je n’aime rien ni personne

Et plus rien ne m’impressionne

Je ne crois ni au diable ni à dieu

Et me rie même d’eux

Le soleil me laisse de glace

Et le rire m’agace 

 

Je suis un monstre des cités

Un fils de la fatalité

Mon cœur bat juste ce qu’il faut

Pour irriguer mon cerveau

Pas un seul battement

Pour le moindre sentiment

 

Ma vie est mon seul bien

Elle est aussi le seul lien

Avec le monde auquel j’appartiens

 

Je suis un tueur professionnel

Je vis de la mort de mes pareils.

 

 

Silvana Minchella

Publié dans Poésie

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Deux autres extraits du nouveau roman de Danièle DEYDE

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/deyde2.jpg

 

Petit rappel :

 

 

L’histoire débute en 1959 en Algérie, sur une rive de la méditerranée. La guerre dure depuis cinq ans. Dans un petit village des environs d’Alger, deux sœurs, Adèle et Choline, perdent leurs parents et trouvent refuge dans la famille de Samia, leur amie algérienne. Le sort va les séparer, elles vont grandir loin l’une de l’autre. Elles finiront par se retrouver mais connaitront des destins différents que croisera parfois la route de la fidèle Samia, devenue militante pour le droit des femmes dans son pays et journaliste engagée.

Ce roman pose le problème du choix face aux aléas de la vie ainsi que celui de la condition féminine.

 

Premier extrait...

Ce fut par le hublot de l’avion qui l’emportait qu’Adèle vit s’éloigner ce paysdeyde qu’elle avait cru le sien. De là-haut, la côte se découpant sur le bleu de la Méditerranée, la grande ville blanche étalée au plein soleil lui furent dévoilées un instant, puis échappèrent soudain à sa vue. Le voyage lui parut bref ; très vite, l’atterrissage fut annoncé à Marignane, l’aéroport de Marseille. Un autre pays, une autre vie se profilaient ; la jeune fille se sentait pleine d’appréhension et dépourvue de toute certitude. La chaleur la saisit dès la descente de l’avion. A petits pas incertains, elle pénétra dans l’aérogare, les yeux à l’affut de tous les visages inconnus, et, soudain, ce fut un choc : elle les reconnut ! Sa tante, son oncle étaient là parmi la foule, un peu raides, un peu gênés en voyant approcher cette jeune fille qui, dans leurs souvenirs, était encore une petite fille. Eux aussi avaient changé, ils avaient vieilli ; le temps et le chagrin sans doute s’étaient chargés de marquer leurs visages………..

Sa tante la prit dans ses bras et Adèle comprit qu’elle pleurait. Elle sut alors avec certitude qu’elle n’était pas seule de ce côté-ci de la Méditerranée, qu’elle retrouvait une famille.

 

****************

 

 

Un autre extrait comme un avant goût...

 

 

Le soir tombe sur Alger. Samia et Adèle sont accoudées au balcon qui surplombe le jardin de l’hôtel. L’air devient plus frais et leur amène des senteurs fleuries. La ville est calme, mais elle ne dort pas ; elle grouille encore de signes de vie qui arrivent assourdis dans ce lieu protégé. Adèle s’inquiète pour son amie : « Tu fais un métier dangereux. Beaucoup d’intellectuels, de journalistes quittent le pays pour se mettre à l’abri. Viens en France, tu seras en sécurité chez nous. »

Samia secoue sa crinière brune dans un geste de dénégation : « Je ne peux pas abandonner les miens. »

« Il ne s’agit pas de les abandonner. Tu peux écrire de là-bas et envoyer tes articles ici. Tu seras aussi utile et tu ne craindras pas pour ta vie à chaque instant. »

« Et je laisserai d’autres personnes plus courageuses se faire assassiner à ma place. De loin, j’aurais l’impression de les trahir. »

Adèle s’énerve un peu : « A qui seras-tu utile quand tu seras morte ? »

 

 

Danièle DEYDE

"L'une ou...l'autre rive"

 

Publié dans présentations

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On voit le faible, une poésie de Charles Traoré

Publié le par christine brunet /aloys

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On voit le faible

 

On voit le faible sombrer

l’innocent pâtir de l’injustice

le semblable implorer l’aide

sans oser porter secours

le monde depuis n’est plus

ce qu’il a naguère été

le jour et la nuit ont même visage

le monstre n’est plus ignoble

l’Homme bon et mauvais

ont même allure

et le diable a senteur d’humain !

 

 

Charles Traoré

Publié dans Poésie

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Benoît Fresnay nous présente son livre en vidéo !

Publié le par christine brunet /aloys

 

Vous êtes curieux... Vous voulez en savoir plus... Benoît a pensé à tout... Voici la version longue de sa présentation !

Publié dans vidéo

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Jean-Claude Glineur se présente et présente son livre, Le désordre du rêve...

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

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NOM ET PRENOMS DE L’AUTEUR : GLINEUR Jean-Claude Esaï

PSEUDO : Jean-Claude Esaï

Venu tardivement à l'écriture sous le nom d'auteur de Jean-Claude Esaï, Jean-Claude Glineur est né le 30/11/1947 à Frameries, Belgique.

 

Après un parcours scolaire chaotique terminé à 18 ans, les années suivantes le verront exercer différents métiers : marin, préposé au courrier dans une entreprise américaine ayant une antenne à Bruxelles, garçon de restaurant, ouvrier d'usine... jusqu'à ce que son don pour le chant lui ouvre les portes des Conservatoires Royaux de Mons et Bruxelles où il décroche plusieurs premiers prix.  Il entame alors en Belgique une carrière de chanteur classique et parallèlement de professeur de chant aux académies de Mons et Binche, exerçant dans ce dernier établissement la fonction de directeur, de 1999 à 2009. Il fut membre de l’ensemble vocal de la RTBF, du chœur de chambre de Namur et du quatuor vocal « Vox Montis » spécialisé dans la polyphonie vocale de la renaissance et contemporaine.

 

Il est titulaire en de plusieurs prix pour l’interprétation de la mélodie et lauréat du concours international de Clermont-Ferrand (F) pour l’interprétation du Lied et de l’oratorio. Il fut l’interprète en création mondiale de la cantate « Le Grognard de Waterloo » cantate profane du compositeur belge Paul Uy, écrite pour le 180ème anniversaire de la bataille.

Chanteur de chambre, Jean-Claude Glineur se consacre plus spécifiquement à l’interprétation de la mélodie et du lied, ses compositeurs de prédilection étant, entre autres, Claude Debussy, Henri Duparc, Gabriel Fauré. Son prochain récital se donnera en janvier 2012 à Mons (B) avec le concours de la pianiste gantoise Anne Verschoore, dans un programme consacré à Charles d'Orléans, Tristan Lhermite, Charles Baudelaire, Jean de la Ville de Mirmont.

 

« Le désordre du rêve » est son premier recueil, fruit de ses expériences, de ses rêves, de ses souvenirs.

 

TITRE DU LIVRE : Le désordre du rêve

 

Un résumé ?

Recueil de poèmes, de facture libre, inspirés de personnages, de contrées connues ou explorées, d’expériences vécues tant dans le monde réel que dans celui des songes.

 

UN EXTRAIT !!!!!

 

Le désordre du rêve

 

                        Je suis l’architecte aliéné

                        De mon imaginaire

                        Chacune de mes nuits

                        Me transporte

                        Hors du temps

                        En des contrées barbares                 

                        Envoûtantes et superbes

                       

                        C’est là que j’étanche

                        Mes soifs de conquête

                        C’est là que je commets

                        Les plus doux de mes crimes

                        C’est là que j’assouvis

                        Mes passions éveilleuses

                        Et secrètes

                        C’est là que je croise

                        En silence et en crainte

                        Leurs regards                        

                        Désordre du rêve

                        Etrange récolte                     

                        Moissonnée aux ténèbres

                        Par un autre moi-même

 

 


                        

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Le signe chinois, une nouvelle de Raymonde Malengreau

Publié le par christine brunet /aloys

 

http://www.bandbsa.be/contes2/malengreau.jpg

 

 

LE SIGNE CHINOIS

 

Il a beaucoup neigé et j’ai hésité longtemps avant de me hasarder sur les trottoirs glissants. Pourtant je dois absolument sortir aujourd’hui ; le frigo est vide et mes réserves épuisées. Je m’emmitoufle donc et entreprends prudemment de longer ma rue entre pignons glacés et congères blanches.

Arrivée à l’angle de la grand-rue, une odeur de nems frits me titille les narines et me donne soudain envie de chinoiseries. Cela tombe bien car, en relevant mon courrier ce matin, j’ai trouvé une carte de vœux sans texte ni signature. Elle représente, posé sur sa pointe, un carré rouge à centre blanc orné d’un gracieux idéogramme.

À l’occasion du nouvel an, je présume puisque nous sommes début février.

J’ai toujours admiré la beauté de ces signes que l’on voit aux murs des restaurants, sur les banderoles des temples ou encore brodés sur des vêtements.

Une idée saugrenue me vient parfois à leur sujet : et si, au lieu des compliments d’accueil ou des citations poétiques, ils proféraient plutôt insultes et malédictions, hein ? Comment savoir ?

J’atteins sans encombre « L’Asie », le petit snack de mon quartier. La jolie tenancière aux yeux bridés vient juste d’amener de sa cuisine, croquettes affriolantes, beignets parfumés et autres délices toutes fraîches. Je ne lésine pas et me laisse largement tenter.

Au moment de régler mes achats, la carte de vœux me tombe de la poche. C’est le moment ou jamais d’en vérifier le sens. Après un bref coup d’œil, la commerçante me dit : « Cela signifie : parapluie ». Traduction confirmée par sa mère qui vient

d’entrer dans le magasin.

Parapluie ? Je suis surprise ; je m’attendais à des souhaits de bonheur et de longévité mais, en y réfléchissant, pourquoi pas ? Le parapluie peut fort bien symboliser une forme de protection.

Je quitte la boutique et manque de tomber justement sur le squelette d’un parapluie qui avait sûrement connu des jours meilleurs. Je traverse la route et je trouve un autre pépin brisé, noir et austère celui-là comme ceux des clergymen. Décidément, le grand vent de cette dernière semaine a été sans pitié pour eux.

J’achète du pain frais et quelques croissants et tombe à nouveau sur une carcasse de riflard à voilure rouge. Je poursuis mon chemin vers l’échoppe du maraîcher et aperçois encore un nouveau cadavre, bleu cette fois. La coïncidence trop flagrante me décide à suivre cette curieuse piste.

Elle m’amène à tourner à gauche et à passer à l’arrière d’une rangée de maisons et de leurs jardins. Je m’arrête. Bien que le paysage soit rendu méconnaissable par l’épaisse couche de neige, je sais que je suis déjà venue ici, il y a longtemps ; une bonne vingtaine d’années, je crois.

J’avais complètement oublié cet endroit situé au centre d’un quartier très construit. Il y avait là autrefois des jardins urbains bien tenus par des cultivateurs du dimanche qui, avec un soin jaloux, ramaient les pois, désherbaient, arrosaient, ratissaient et cultivaient amoureusement des légumes et des roses tout en échangeant conseils et astuces avec leurs voisins.

Quelques années plus tard, par un jour de canicule, je me suis rappelée ce lieu charmant et j’y suis revenue en espérant y trouver un peu de fraîcheur agreste.

Quelle déception ! Les anciennes parcelles étaient entourées de hauts buissons épineux et de palissades infranchissables closes par des portes cadenassées de lourdes chaînes. Impossible même de jeter un coup d’œil pour deviner à quoi servait ce grand enclos désormais inaccessible dont les environs s’étaient transformés en dépotoir. Matelas crevés, chaises brisées, électroménager rouillé et sacs poubelles éventrés s’entassaient parmi les papiers gras. Quel gâchis ! Je n’y étais plus jamais retournée.

Aujourd’hui, l’endroit a été nettoyé ; plus aucun détritus ne le dépare mais il s’en dégage une grande tristesse. Les haies ont encore grandi, les palissades et les portes ont résisté et rendu l’accès aux anciens jardins plus impossible que jamais.

Tiens, je n’avais pas vu alors cette vieille bâtisse. Pourtant elle doit être là depuis bien longtemps si j’en juge par son état de délabrement. L’entrée et les fenêtres sont masquées de planches. Toutefois, une bicyclette flambant neuve d’un vert criard s’appuie contre la façade. Je perçois, mais n’est-ce pas une illusion, une bouffée d’herbe interdite et une odeur douceâtre plus lourde. Opium ?

J’hallucine ; l’Orient m’obsède aujourd’hui ! Bien sûr, les parapluies défunts ne m’ont pas menée jusqu’ici pour m’engager sur la pente fatale des paradis artificiels ; il est un peu tard pour ça !

Alors que je veux poursuivre mon chemin, j’en suis empêchée par un mur qui se dresse devant moi et qui n’existait pas autrefois. À son pied s’érige un bizarre édifice, constitué d’un échafaudage de vieilles armoires de cuisine dont certaines gardent encore leurs portes à glissières. Tout autour s’égaillent des écuelles, sans doute destinées jadis à des chats que les gens venaient nourrir. Tout est désert à présent.

Désert vraiment ? Pas sûr. J’entends soudain un « miii » de détresse. Je fouille dans les casiers et découvre un chaton tigré, terrifié et transi. Il ne doit pas avoir plus de six semaines car ses yeux sont encore bleus. Je lui parle à voix basse pour le rassurer.

« Mais que fais-tu là tout seul ? Où est ta maman ? »

Il crachote courageusement pour se défendre quand je le cueille doucement et l’enfouis sans ambages dans l’encolure de ma parka pour qu’il s’apaise et se réchauffe.

« Viens, on va à la maison. Ce sera mieux. Et on va te trouver un joli nom. Que penses-tu de Chine ? Pas mal, hein ! »

Et je rebrousse chemin à petits pas prudents en remontant la piste en sens inverse. D’une main, je porte mon sac à provisions et de l’autre, je retiens le petit greffier qui ronronne dans mon cou.

Je sais à présent où voulaient m’emmener les parapluies…

Bonne année, Chine !


Raymonde Malengreau

2011

 

http://www.bandbsa.be/contes2/balancoirerecto.jpg

Publié dans Nouvelle

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